mercredi 22 février 2017

Suivi des phoques de Weddell

Les mammifères marins de l'Océan Austral constituent parmi les plus grandes populations animales sur terre. Consommant de très importantes quantités de ressources, ils sont des éléments essentiels de la structure et du fonctionnement des écosystèmes marins antarctiques. Situés au somment des chaînes alimentaires, ils sont ainsi des sentinelles irremplaçables de l’état des océans polaires. 

L’étude de l’écologie alimentaire de ces prédateurs permet d’acquérir de précieuses données scientifiques sur l’impact de la variabilité climatique sur les écosystèmes marins. On n’en sait pourtant que très peu sur l'écologie et les stratégies d’alimentations de ces animaux, en particulier pour ceux vivant aux plus hautes latitudes, ni sur leur réponses aux variations de leur environnement physique qui évolue rapidement sous l’effet du changement climatique (changement de distribution de la glace de mer, réchauffement et désalinisation des océans, changement des régimes de vent, réduction des stocks de poissons et krill).

Phoque de Weddell
Le Phoque de Weddell fait partie des cinq espèces de phoque présentes en Antarctique. Mammifère vivant le plus au sud, c’est le seul phoque habitant la banquise permanente toute l’année. Le Phoque de Weddell a un mode de vie inféodé à la glace de mer sous laquelle il passe 80 % de son temps à plonger pour se nourrir et qu’il utilise comme substrat pour se reposer, se reproduire et muer. Ses capacités de navigation et de plongée lui permettent de parcourir plusieurs kilomètres sous l’eau avant de rejoindre son trou de respiration. 

Phoque de Weddell
Les Phoques de Weddell sont les seuls phoques antarctiques à maintenir ouverts des trous de respiration dans la glace, qu’ils entretiennent avec leurs dents. Plusieurs individus peuvent se regrouper autour de ces trous qu’ils partagent. Les mâles défendent activement leur territoire de chasse sous-marin. Une particularité de cette espèce est sa capacité de vocalisation aérienne et sous-marine (jusqu’à 30 sons). Ces vocalisations ont différentes fonctions : reproduction, défense du territoire sous-marin, communication mère-veau. Après l’Éléphant de mer austral (Mirounga leonina), c’est le phoque qui plonge le plus profondément, atteignant en moyenne 200 à 500 m avec un maximum de 900 m observé à Dumont d’Urville. Il effectue des apnées de 15-20 min (maximum 96 min, étude de Karine Heerah et Jean-Benoit Charrassin).

L’évolution de la population de Phoque de Weddell dépendra très probablement des changements qui affecteront les conditions de glace (étendue, épaisseur, persistance), l’hydrographie, ainsi que la répartition et la disponibilité des proies en réponse à des forçages climatiques ou anthropiques.

Phoque de Weddell
Le programme dirigé par Jean-Benoit Charrassin (Professeur au Museum d’Histoire Naturelle à Paris) consiste à étudier l’écologie des phoques de Weddell via le suivi télémétrique notamment en Est Antarctique afin de mieux comprendre comment le changement climatique affectera le Phoque de Weddell. 

Au cours de la campagne WAPITI, l’opportunité d’étudier les phoques de Weddell dans une région antarctique avec des caractéristiques océaniques très particulières par rapport aux autres secteurs représentent une opportunité unique. En effet, la mer de Weddell abrite de riches écosystèmes associés au cycle annuel de la banquise (krill, copépodes, poissons, oiseaux et mammifères marins), cependant ce secteur demeure sous-échantillonné et peu connu tant au plan océanographique que biologique en raison de l’étendue de banquise limitant son accès. 

Descente de l'équipe sur la banquise (Sara, Hervé, Antonio Jean-Baptiste et Yves)
Nous avons équipés les premiers phoques de Weddell au cours des derniers jours avec des balises Argos-CTD (appareil miniaturisé enregistrant la position géographique de l'animal, son comportement de plongée, ainsi que la température et le contenu en sel des masses d'eau traversées). L'ensemble des données recoltées sont transmises par satellite.

Approche du phoque
Ce travail, mené par Sara Labrousse et Yves David et en étroite collaboration avec Jean-Baptiste Sallée (chef du mission) et Jean-Benoit Charrassin (responsable du programme scientifique), va permettre l’étude du comportement de plongée des phoques de Weddell sous la banquise et l’influence des paramètres environnementaux clés sur leur comportement, afin de mieux comprendre comment le changement climatique affectera le Phoque de Weddell.

Le materiel est transporté sur un traineau

Surveillance du phoque pendant la phase de réveil
La balise transmettra les données par satellite et tombera dans quelques mois au moment de la mue







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